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Victoria Afanasyeva

Restaurant de l’Étoile Bleue, Paris 5e (1907 – c1915)

Dernière mise à jour : 9 janv.


Restaurant L'Étoile Bleue, avril 1907. Source - L'Étoile Bleue, mai 1907.

Le 15 avril 1907, au Quartier Latin, les militants antialcooliques inaugurent un nouveau restaurant de tempérance – L’Étoile Bleue. Il est situé à l’angle du boulevard Saint-Michel, des rues Dante et Saint-Jacques – à 3 minutes à pied du siège social de la Ligue Nationale contre l’alcoolisme. L’architecte Félix Paumier (ayant déjà exécuté des œuvres pour les organismes philanthropiques protestants) travaille à l’aménagement du local. Dans leur compte rendu de l’inauguration, les journalistes du Petit Parisien écrivent : « Le local ne manque pas de coquetterie et l’on y trouve réunis le confort et l’hygiène ». Les antialcoolistes sont plus admiratifs : « Spacieux, avenant, confortable, fleurant bon la fraîcheur, gai à l’œil ».


Cliché accompagnant le compte rendu du Petit Parisien (15 avril 1907).

Dans l’assistance, on remarque les militants les plus dévoués, certains ayant fait un long déplacement pour assister à l’inauguration : Robert Mirabaud (fondateur d’un restaurant de tempérance à Levallois-Perret, antialcooliste actif comme sa femme) ; Émile Cheysson (réformateur social et président de la Ligue National contre l’alcoolisme) ; Frédéric Riémain (secrétaire général et moteur de la Ligue) ; Victoire Lecoy (agente de la Ligue) ; Maurice Hottinguer (« célèbre banquier protestant », d'après les mémoires de sa fille) ; docteurs Charles Vidal (de Castres) et Roux (de Nice). Le Petit Parisien y note également la présence de nombreux sénateurs et députés, de l’inspecteur général de l’enseignement Baudrillard et du président de l’Association générale des étudiants Campinchi.


Emplacement du restaurant ("boutique à louer") à l'angle des rues Saint-Jacques, Dante et du boulevard Saint-Michel. Carte postale, Delcampe

Contrairement aux restaurants de tempérance « Aux petits repas hygiéniques » et « La Source », situés dans les quartiers ouvriers, L’Étoile Bleue se trouve au Quartier Latin dans un endroit passant. Ses cibles seraient donc des Parisiens et des Parisiennes ordinaires, ainsi que des étudiant·es, bien que La Revue pointe les prix de consommations relativement élevés en comparaison avec les restaurants économiques.


Restaurant de l'Étoile Bleue est ouvert au début de la Grande Guerre. Carte postale, Delcampe

L’Étoile Bleue est un restaurant de tempérance dans le sens français du terme – c’est un endroit où les alcools et les apéritifs sont prohibés, tandis que les boissons hygiéniques (vin, bière, cidre) sont autorisées en quantités modérées. Pour rappel, les boissons hygiéniques ne sont pas considérées comme de l’alcool. Ainsi, La Petite République observe : « L’absence de tout alcool n’a pas empêché les convives de goûter la saveur d’un repas modeste, mais superlativement hygiénique, et que la gaîté seule a coloré ». Pendant la Grande Guerre, les caves du restaurant ont même été cambriolées :


Les magnifiques cartes de L’Étoile Bleue sont numérisées par la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris (fonds des éphémères des restaurants de Paris et d'Île de France). Ces documents permettent d’apprécier la variété de repas servis au restaurant de tempérance, et notamment le menu du 7 août 1910 : les client·es pouvaient choisir entre onze entrées, un plat rôti, une grillade, un entremet, trois soupes, sept hors d’œuvres, deux plats de poisson, neuf variantes d’accompagnement de légumes, une salade, avant de finir avec du fromage ou un dessert (la liste est longue).

 



Dernière page de La Clairière, 12 mars 1905.

Les formules de repas m’ont particulièrement intéressées dans ces documents numérisés par la BHVP. L’Étoile Bleue proposait non seulement des déjeuners et dîners classiques, mais aussi des repas végétariens. On sait déjà que le restaurant La Source accueillait régulièrement les réunions des végétariens, tandis qu’un numéro du périodique belge La Clairière (trouvé à la Bibliothèque Marguerite Durand) indiquait que dans ce restaurant bruxellois on trouvait également une offre végétarienne.


La particularité (à mon avis) de la formule végétarienne chez l’Étoile Bleue consiste en l’absence du vin parmi les boissons proposées. La bière et le cidre restent cependant autorisés.


Détail. Éphémères des restaurants de Paris et d'Île-de-France, fonds BHVP.

J’ignore la raison de l’exclusion du vin de la formule végétarienne, et si vous avez des idées, des explications, n’hésitez pas à les partager avec moi (merci d’avance !).

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