top of page
  • Victoria Afanasyeva

Riémain, une fratrie antialcoolique


Photographie de Frédéric Riémain (L’Étoile Bleue, janvier 1933).

Louis Adolphe Frédéric Riémain est l'une des figures clé du mouvement antialcoolique français. Né le 10 février 1866 à Douai, ce docteur en droit adhère à la Société Française de Tempérance (SFT) en 1898. Il devient le leader de cette association et négocie quelques années plus tard une tentative échouée de fusion avec l'Union Française Antialcoolique de Paul-Maurice Legrain. À partir de 1903, Riémain est le secrétaire général de la SFT puis de la Ligue Nationale contre l'alcoolisme (LNCA), née d'une fusion difficile des deux associations. Il conserve ce poste jusqu'en 1951. La contribution de Riémain à l'antialcoolisme français est immense et mérite une étude particulière.


Je voudrais simplement signaler la présence des deux sœurs de ce militant dans les rangs de la LNCA, et leur activité, certes moindre.


La sœur aînée, Marie Victoire Julie, est née le 7 août 1860 à Douai ; c'est dans cette ville du Nord qu'elle épouse à l'âge de 27 ans Gaston Souriau, économe de lycée. Sur proposition de Frédéric Riémain, son beau-frère adhère à la SFT en mai 1901 en qualité de membre titulaire. Sa sœur n'apparaît dans les archives que dans les années 1930, lorsqu'elle est nommée membre du conseil d'administration de la LNCA : le procès verbal de la séance indique que "Madame Souriau" est membre de la Ligue depuis le début. Elle est réélue membre du conseil jusqu'en décembre 1948 et répond présente à de nombreuses manifestations organisées par cette association.


La sœur cadette, Renée Caroline, est née elle aussi à Douai, le 9 mars 1867. Son époux, Jean Baptiste Auguste Blanchet, est professeur au lycée à Paris ; il décède prématurément en 1918. Après sa disparition, Renée Caroline Blanchet quitte le 16e arrondissement pour s’installer au même immeuble où habite son frère à l’île Saint-Louis, 41 quai Bourbon. Elle s’engage au même moment à la LNCA et se voit nommée membre du comité d’administration le 28 octobre 1919. Madame Blanchet le reste jusqu’au début des années 1950, aux côtés de sa sœur et de son frère, et manque rarement les séances. Elle assiste régulièrement aux événements organisés par la LNCA, comme la Conférence internationale d’études contre l’alcoolisme à Paris en avril 1919, des fêtes scolaires annuelles à la Sorbonne ou encore ses assemblées générales. En 1931, elle écrit deux articles pour L’Étoile Bleue : l’un résume une fête scolaire de la Ligue et l'autre porte sur les cocktails, et plus précisément sur les recherches infructueuses par l'association des recettes de cocktails sans alcool.


Frédéric Riémain reste donc proche de ses sœurs et les enrôle dans le mouvement antialcoolique le moment venu. Il est aussi proche d'elles géographiquement : d'abord voisin de Renée Caroline pendant une dizaine d'années au cœur de Paris, Frédéric emménage le même immeuble que sa sœur aînée au 2 rue Versigny dans le 18e arrondissement à la fin des années 1930. Déjà sexagénaire, il épouse en novembre 1938 une femme de 52 ans habitant la même adresse.


Comme souvent, peu de sources sont disponibles au sujet des femmes dans l'action antialcoolique. Alors pour Frédéric Riémain on trouve plusieurs de ses photos, sa carte de visite, ses lettres, ses articles, sa fiche d'électeur, ses publications... Remarquons au passage, sur une lettre datant de juin 1940, l'utilisation d'un timbre reprenant "Hors de France, alcool maudit", l'une des images produites par l'Union des Françaises contre l'alcool.

1 - Lettre de Frédéric Riémain à Monsieur Riveron, 3 juin 1940. Archives ANPAA T10.

2 - Carte de visite de Frédéric Riémain, années 1930. Archives de la Croix-Bleue, carton 1931-1935, dossier "Congrès Fruit Aliment".

3 - Fiche d'électeur de Frédéric Riémain, années 1920-1930. Archives de Paris, D4M2/774.

bottom of page