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Victoria Afanasyeva

Antialcoolisme sur l'eau

Propagande à bord de La Bonne Nouvelle, bateau de la Mission populaire évangélique.


Dans les années 1880, Robert Whitaker McAll, pasteur et fondateur de la Mission populaire évangélique (MPE), utilise un bateau missionnaire britannique pour évangéliser les populations des ports de mer français : Dunkerque, Calais, Cherbourg, etc., jusqu'à La Rochelle. Après l'Exposition universelle de 1889, pendant laquelle le bateau est amarré au Pont de la Concorde, ce moyen de communication revient en Angleterre et la MPE décide de lancer en 1892 son propre bateau missionnaire, Le Bon Messager. Jugeant l'expérience réussie, la Mission investit dix ans plus tard dans un deuxième bateau, baptisé La Bonne Nouvelle. Ce dernier navigue jusqu'aux années 1950 et participe notamment en 1939 à l'Exposition internationale de l'eau à Liège.

À l'intérieur de "La Bonne nouvelle", photo de l'Exposition internationale de l'eau, Liège, 1939. SHPF/Bibliothèque du protestantisme français, 011 Y 16.

L'œuvre de ces bateaux missionnaires comprend donc l'évangélisation (par prédications de pasteurs) et les services religieux, l'organisation de conférences populaires et de fêtes pour enfants. La lutte antialcoolique fait partie de ce programme et les associations françaises fournissent du matériel pour la propagande : La Bonne Nouvelle reçoit de la Ligue Nationale contre l'alcoolisme des tracts, dont "La porte la plus couteuse du monde", et la Croix-Bleue lui donne des dépliants "Ce qu'est la + Bleue".

Article sur La Bonne Nouvelle dans "L'Étoile Bleue", septembre-octobre 1926.

À la fin des années 1920, le bulletin de la Ligue Nationale contre l'alcoolisme s'intéresse à ce moyen de communication et publie trois actualités pour mettre en lumière son activité. L'article de septembre-octobre 1926 est particulièrement détaillé : il occupe toute une page du périodique et s'accompagne d'une photographie de La Bonne Nouvelle. L'auteur anonyme y rend compte d'un grand succès d'une campagne antialcoolique organisée par le bateau en Seine-et-Marne au printemps : censée durer une semaine, celle-ci s'est déroulée pendant un mois durant lequel plusieurs causeries et projections lumineuses ont été données.


Cet intérêt soudain du périodique pour La Bonne Nouvelle se cache en la personne de Victoire Lecoy (1858-1932), agent du siège de la Ligue Nationale contre l'alcoolisme et une "fanatique de propagande", comme la surnomment ses collègues. Bien sûr, Madame Lecoy participe à cette campagne : elle donne trois causeries, très appréciées du public. Mais la raison qui fait cette militante quitter Paris, elle qui se déplace de moins en moins en raison de son âge et de la progression de la cécité, est l'une de ses cinq filles : Angèle Lecoy épouse en 1922 René Aimé Claerhout, pasteur belge et directeur de La Bonne Nouvelle. Ensemble, le couple sillonne les voies navigables françaises et prêche la morale, dont l'antialcoolisme, jusqu'à la fin des années 1920.

"La Bonne nouvelle" en réparation à Charenton, avril 1929. SHPF/Bibliothèque du protestantisme français, 011 Y 16.

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