Histoire(s) du mouvement antialcoolique en France

La filière no/low est aujourd'hui en plein développement : des caves et des bars sans alcool ouvrent à Paris, au Havre, à Nantes ; des bières sans alcool occupent dans les supermarchés un espace de plus en plus important ; des débats font rage quant aux qualités gustatives de vins désalcoolisés. L'un des objectifs de ces nouveaux commerçants et producteurs est de proposer aux consommateurs des alternatives aux boissons alcoolisées. Cette idée ne date pas d'aujourd'hui ni d'il y a cinq ans : déjà en 1849 un journal français se demandait (de façon demi-moqueur, car l'auteur ironisait au sujet d'une société de tempérance en formation à Lille) quelles étaient des alternatives en France, et en 1883, un premier foyer de tempérance ouvrait ses portes à Valentigney. 

MALCOF – Mouvement Antialcoolique Français (French Temperance Movement) – is a two-years project financed by the French National Cancer Institute and started in November 2022. Its goal is to break the stereotypes, created mostly by historians, about weak and unpopular French movement. MALCOF team, composed of three researches, works on a database connected to a map representing local temperance sections all over France and the colonies from 1880s till 1950s. Their lifetime is extremely variable – some of them functioned only several months, others are still in activity, and we may estimate their quantity between 3 000 and 4 000. The MALCOF database will collect and structure scattered information about all these small temperance groups in order to propose their standardized description: dates of creation and existence, addresses, activities, number and names of members, temperance events, and, if available, photo of the section. The database will be published in open access in the end of 2024.

This paper will present the methodology of the project. Indeed, the main sources for data entry are French temperance periodicals, especially “Sections newsletter” section published every month by a dozen of journals. Two more types are mobilized for the project: six section directories, all published by the main temperance periodical Étoile Bleue and available from 1904 to 1914; annual censuses of the Blue-Cross society organized since 1894 and occasionally accompanied by lists of members.

En Angleterre, comme en Suisse, la consommation de boissons alcoolisées est totalement prohibée dans ces lieux. Mais en France les établissements de tempérance, qui apparaissent à la fin du XIXème siècle, sont plus souples : une distinction existe entre les mauvais alcools, les spiritueux, et les bons alcools, les boissons fermentées, comme le vin ou la bière. Dès lors, il ne faut pas s’étonner de voir à la carte des restaurants antialcooliques de la bière ou du vin ! En effet, il ne s’agit pas d’une prohibition, mais d’une modération.

Présentation de l'épisode par Hervé Guillemain : 

Nous débutons cet épisode en chanson. Et pas n’importe laquelle. Bruno Perrin nous fait entendre ce que l’histoire n’a peut être jamais entendu. Une chanson tirée d’une partition du docteur Legrain publiée dans le journal L’aube nouvelle en 1927 et retrouvée par l’historienne Victoria Afanasyeva au cours de ses recherches. Legrain c’est le héros de la lutte anti alcoolique française de la belle époque. Victoria Afanasyeva c’est l’historienne avec qui nous nous entretenons aujourd’hui pour parler d’alcool et de lutte contre l’alcoolisme. Elle est l’autrice d’un ouvrage qui fait une place particulière aux femmes dans cette histoire : Cherchez la femme : histoire du mouvement antialcoolique en France (1835-1954), publié par l’Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie en 2021 et tiré d’une thèse soutenue en 2020 à la Sorbonne. L’historienne est également coordinatrice d’un projet de recherches tout neuf, le projet Malcof, soutenu par l’institut national du cancer. Alors que le dry january s’installe dans nos sociétés et que de nouvelles campagnes télévisées sont diffusées « la bonne santé n'a rien à voir avec l'alcool », on peine à imaginer ce qu’ont pu être ces mobilisations d’hommes et de femmes contre la consommation d’alcool au début du XXe siècle et aussi les enjeux sociaux et politiques qui les motivèrent. Alors parce que notre santé a une histoire, je m’entretiens avec Victoria Afanasyeva. Je suis Hervé Guillemain et vous écoutez un nouvel épisode de la Piqûre de rappel, le podcast de Dicopolhis.

Conférence d'Hervé Guillemain (TEMOS CNRS 9016/Le Mans université), avec le concours d'Anaïs Grandbert, à l'occasion du lancement du projet MALCOF. Celui-ci est porté par le Centre d'Histoire du XIXe siècle (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) avec le soutient de l'Institut National du Cancer. 

This paper studies La Source as an extraordinary experience of the Belle Époque: a medical institution for upper class alcoholics (while medical and temperance circles care for the lower class), founded by Maria Legrain, a woman without diploma who doesn’t hesitate to point out that alcoholism is an illness not a vice, at this period of the degeneration theory defended by Paul-Maurice Legrain.

Quand Jules Siegfried arrive au Havre, il trouve un milieu profondément alcoolisé dans un contexte social explosif. Mais il rencontre aussi une communauté protestante prête à une lutte résolue. En tant que maire du Havre, il entame une politique de réformation sociale, orientée entre autres vers le combat antialcoolique, et la développe ensuite au niveau national en tant que député. Son action ainsi que celle de son épouse Julie née Puaux sont remarquées et fortement appréciées de la Ligue Nationale contre l’alcoolisme et d’autres associations de tempérance. En même temps au Havre d’autres membres de la famille Siegfried participent à la genèse d’un mouvement local dont le Comité antialcoolique des Dames, un groupement à l’origine d’une dizaine d’établissements de tempérance (roulottes, cantines, cafés, etc.)

Dans cette communication il est question des rapports qu’entretient Richard Wallace avec le mouvement antialcoolique français émergeant : le philanthrope est membre de la Société Patriotique de Tempérance (1870-1871) puis de l’Association française contre l’abus des boissons alcooliques (fondée en décembre 1871). Par ailleurs, l’étude de la presse française au sujet de la perception des célèbres fontaines Wallace, installées dès l’été 1872, met au clair les imaginaires tempérants qui les entourent. 

Le mouvement français de tempérance commence à se former dans les années 1830, mais les associations sont rares et les initiatives – éphémères. Contrairement aux Américaines et aux Britanniques, les Françaises sont très peu impliquées dans le combat contre l'ivrognerie : la presse nationale estime qu'une pareille affiliation constituerait une insulte aux dames, mais aussi que le problème de l'intempérance n'existe pas vraiment, du moins il n'est pas si grave comme dans les pays anglophones.

Avec le développement et la démocratisation du mouvement antialcoolique en France au milieu des années 1890, des établissements de tempérance apparaissent dans presque toutes les régions, avec le concours des militants locaux. Ces lieux ont pour objectif de remplacer des lieux de restauration et de sociabilité habituels, et notamment des bistrots, des tavernes et des cabarets où des clients consomment des boissons alcooliques sans beaucoup de modération. Les cafés, restaurants, cantines, kiosques et roulottes de tempérance sont conçus comme une alternative à ces lieux traditionnels. 

Dans quels quartiers se situent les cafés de tempérance ? Parviennent-ils, avec une offre limitée de boissons, à remplacer des lieux de restauration et de sociabilité habituels ? Quels types de clients accueillent-ils ? Quel accueil leur réserve le public ?

En Suisse, à Zurich, le comité des dames développe depuis 1894 un réseau qui comptera bientôt deux dizaines d’établissements : il affirme suivre l’exemple de la Grande-Bretagne, où plusieurs œuvres antialcooliques sont formées dès les années 1870. En France, où les militants s’inspirent de l’expérience zurichoise, on compte plus de 70 œuvres, et en Russie, dans le cadre du monopole, des salons de thé émergent dans toutes les provinces de l’Empire pour remplir ce rôle éducatif et remplacer les kabaks.

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Dans le cadre d'une session organisée par l'auteure, avec la participation d'Audrey Bonvin (UniDistance-FernUni/IHM du CHUV), modérée par Stéphane Le Bras (Université Clermont Auvergne).

What is a temperance restaurant? Which sources? National or transnational?

Cette communication se concentre sur les particularités locales de la production et de la consommation de l'alcool en province de Kalouga. Par sa position limitrophe de Moscou, son déclin économique et son abondance de débits de boissons la province se révèle un cas particulier.

Au cours du XIXe siècle, l'industrialisation démocratise la consommation d’un plus grand nombre d’alcool et en grande quantité. Des voix s'élèvent et l'accusent de tous les maux. Dans la sphère publique comme dans la sphère privée, ces militants de la tempérance obtiennent de durables victoires.

Pour les militants antialcooliques des États-Unis, la prohibition instaurée en 1919 est l’aboutissement d’un long combat de près d’un siècle. Pour les militants dans d’autres pays, cet acquis devient un exemple ou un contre-exemple : les uns saluent cette mesure drastique comme le moyen le plus sûr pour délivrer la population de l’alcoolisme, les autres présagent déjà des problèmes de fraudes et de contrefaçons. Les critiques sont nombreuses, surtout sous le prisme de l’échec de la prohibition russe (1914) et de la réserve par rapport au système Bratt appliqué en Suède (1917).

Cette communication analyse l’attitude du mouvement français de tempérance face à cette vague de mesures législatives dans le monde, à partir des articles publiés dans la presse généraliste et spécialisée. La prise en compte des situations russe et suédoise permet de mieux comprendre la désapprobation exprimée après le vote du Volstead Act par la Ligue Nationale contre l’Alcoolisme, la principale association française, prônant la tempérance et la modération dans la consommation des boissons alcoolisées. En revanche, les petites associations, pratiquant l’abstinence totale, sont admiratives devant la politique de prohibition imposée aux États-Unis, et espèrent, bien évidemment, que le gouvernement français imite l’expérience. Enfin, dans les années 1920, quelques journalistes, qui craignent que la vague prohibitionniste n’atteigne la France, publient des articles dénonçant l’activité de tout le mouvement antialcoolique, sans faire de distinction entre les abstinents et les tempérants.

La réflexion sur la tempérance arrive en France en même temps que les premières sociétés de tempérance se fondent aux États-Unis et en Grande Bretagne, dans les années 1830. Mais il faut attendre la fin du XIXe siècle pour voir apparaître en France le même type d’associations, populaires et ouvertes aux femmes et aux enfants. Ce processus est souvent associé à l’œuvre d’un groupe des hommes issus des élites médicales, qui décident d’imiter l’exemple étranger en France. Or, l’étude du mouvement français au prisme du genre et dans une perspective transnationale révèle d’autres mécanismes, qui mettent en question la théorie existante. Cette communication se focalisera sur l’apport des femmes, provenant de la Suisse, des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, au développement du mouvement populaire antialcoolique en France, au tournant du XIXe et du XXe siècles.

Dans les années 1890, les Français assistent au développement du nouveau type de débit de boissons – restaurants ou bars dits « de tempérance ». Le principe de ces établissements est simple : proposer aux clients des rafraichissements sains et sans alcool, à l’opposé des cabarets et estaminets qui, souvent, ne servent que des boissons alcoolisées. Ces nouveaux commerces sont implantés à la sortie des usines (Épinal, Thaon), dans les ports (le Havre, Saint-Nazaire), mais aussi dans les petites et grandes villes (Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Brest, etc.).

Aujourd’hui, on pourrait supposer que l’eau soit une des boissons principales de ces restaurants. Or, ceci n’est pas évident au XIXe siècle : en France, il est impossible de rentabiliser le restaurant de tempérance avec l’eau comme boisson de base. De cette façon, la plupart des établissements sont obligés de servir du vin et des bières en même temps que de l’eau et des limonades. À l’inverse des temperance bars en Grande Bretagne ou encore en Suisse, où ce commerce est prospère sans aucune boisson alcoolisée. 

En mobilisant des sources variées (presse antialcoolique, publicité, cartes postales), cette communication étudie la consommation de l’eau dans les restaurants antialcooliques en France à la Belle Époque. Boisson hygiénique par excellence, l’eau figure pourtant rarement à la carte des restaurants antialcooliques, et jamais sur les devantures des établissements. Ainsi, ce sujet s’inscrit-il dans la réflexion sur « l’exception française » en matière de tempérance.

This paper proposes to discover a French woman who widely deserved her place in the temperance Hall of Fame. Maria Legrain, temperance activist in the late 19th – early 20thcentury, earned in France the epithet of “temperance apostle” for her brilliant but brief career.Her accomplishments included the creation of the “French Female Temperance Union” in 1899, foundation of two temperance restaurants in Paris (1898, 1903), and the first asylum for rich drunkards in the suburb of Paris (1902). Like her American, British, German or Swiss colleagues, Maria Legrain published books and articles, gave many speeches and participated in national and international temperance conferences (London 1900, Wien 1901, Budapest 1905). In 1921, Maria Legrain was given the prestigious title of Chevalier of the Légion d’Honneur (Knight of the Legion of Honour).

Cette communication vise à analyser une stratégie de la diffusion des idées tempérantes qui est la participation des militants antialcooliques aux manifestations grand public. Dans l’entre-deux-guerres, c’est le moyen le plus efficace pour toucher un public le plus large de manière permanente. Chaque année, les militants ont au moins trois occasions pour « prêcher » la tempérance à Paris (le Salon des Arts ménagers, la Foire de Paris et le Concours Lépine), sans compter des événements ponctuels (l'Exposition universelle en 1937, par exemple). Dans la plupart des cas, ce sont les femmes qui assurent les permanences aux comptoirs décorés d’affiches et de slogans antialcooliques. La présente étude s’appuie principalement sur les comptes rendus des participations publiés dans le périodique de la Ligue nationale contre l’alcoolisme, L’Étoile Bleue. Ces comptes rendus témoignent des heurs et malheurs des militants et des militantes, et permettent également d’évaluer la réception de la propagande antialcoolique par les visiteurs.

Dans son journal qu’elle écrit assidûment, Marie Poujol raconte le quotidien d’une famille cévenole installée à Paris depuis la fin des années 1880, mais surtout, elle rend compte des réunions antialcooliques auxquelles elle assiste, seule ou avec ses proches. Au cours de sa vie parisienne (elle quitte la capitale en décembre 1912), Marie s’engage dans une section locale de la Croix-Bleue, groupe protestant et strictement abstinent, mais devient également membre des associations tempérantes. À partir d’une source unique qu’est le Journal de Marie, la contribution fait une étude du cas, de cette protestante engagée dans la lutte antialcoolique pendant la « Belle Époque » de ce mouvement en France. Par conséquent, cette analyse permet de revenir sur la controverse éternelle tempérance-abstinence, les heurs et malheurs des antialcoolistes français au tournant du XXe siècle, mais aussi de réfléchir au rôle des femmes protestantes dans cette lutte méprisée.

« Ah, Françaises, mes sœurs [...] je vous préfère, malgré leurs exagérations, les suffragettes anglaises, qui démolissent crânement les boutiques à poison et n’ont pas peur du pain sec », écrit en 1913 le Docteur Legrain, apôtre de l’abstinence en France. Si, en matière de lutte antialcoolique, les militants français et anglais lisent leurs publications respectives et ont noué des contacts, les congrès internationaux antialcooliques leur permettant de communiquer leur expérience de vive voix. Du point de vue féminin la situation est différente, les Françaises sont en effet très en retard par rapport à leurs voisines d’outre-Manche : l’Union Française des Femmes pour la Tempérance est créée en 1899 tandis que l’Association Féminine Britannique pour la Tempérance existe depuis 1876. Bien que l’expérience anglaise soit une référence incontournable dans la presse hygiénique nationale, l’activité des Anglaises, certes, parfois violente, ne semble pas vraiment inspirer les militantes françaises. Dans cette communication, je propose de réfléchir sur les femmes dans la lutte antialcoolique en France et en Angleterre avant la Grande Guerre, en partant de cette phrase prononcée par Yves Guyot, ministre des Travaux publics, lors d’une séance solennelle de la Société Française pour la Tempérance en 1891 : « Quoique la femme anglaise ait bien des qualités de son côté [...] c’est la Française qui excelle à tenir le foyer domestique ».

“A woman should be the first to rise against alcohol: this scourge destroys her family, makes her husband brutal, children degenerated and herself a martyr”, says in 1913 the petition of Frenchwomen against drinking places. Still actual nowadays, the quote shows the importance of the role of women felt by their contemporaries. However, this topic has never been studied in the historiography of anti-alcoholism in France. My research fills this gap by focusing on the Frenchwomen involved in the temperance movement since 1835 and until 2013. This methodological paper analyzes how to study this neglected subject in the context of an abundance of digitized sources.

Analyse de l'appareil iconographique de propagande de l'Union des Françaises contre l'alcool.

Cette communication présente mon travail en cours sur le sujet de l’ « Alcoolisme » dans le fonds Menie Grégoire, animatrice à RTL depuis 1967 et jusqu’à 1981 d’une émission « Allô Menie » où elle analyse les problèmes des gens (surtout des femmes) : soit en leur parlant par téléphone en direct de l’émission, soit en lisant leur lettres et puis donnant ses commentaires. Le fonds contient des dizaines des milliers de lettres d’auditeurs, ainsi que les enregistrements des émissions et les carnets de Menie.

En 1935-1936, Louise Weiss présente sa candidature symbolique aux élections municipales et législatives. Déterminée à installer ses bureaux de vote sur la voie publique, elle s’adresse aux cafés parisiens. Une photo prise en 1936 lors de la campagne législative représente une femme avec une poussette qui laisse sa signature dans le bulletin de vote que lui tend une suffragette. Au second plan – une terrasse d’un café avec une grande enseigne « Bières de... ».

Mise en scène absurde, compte tenu d’une des promesses des suffragettes – lutter contre l’alcoolisme. La photographie révèle non seulement cette controverse féministe, elle nous entraine plus loin dans la réflexion car cette polémique résulte d’un autre débat plus ancien et plus profond né au sein du mouvement antialcoolique français ; depuis le début de leur existence à la fin du XIXe siècle, les militants n’arrivent pas à s’accorder sur le but de leur propagande : aspirer à l’abstinence totale ou apprendre aux Français à boire avec modération.

Dans l’entre-deux-guerres, face à la popularité croissante des cocktails, certains Français s’élèvent contre la nouvelle boisson « néfaste ». Les idées et les discours anti-cocktail sont particulièrement foisonnants au tournant des années 1930, à l’époque dite « de cocktail », quand la boisson conquiert les élites. Cette communication met au jour les propos hygiénistes et moralisants des médecins qui dénoncent « l’alcoolisme mondain », notamment parmi les femmes et les jeunes filles. Avant d’évoquer les réactions souvent violentes des vignerons et des gastronomes, l’étude se concentre sur les discours des organisations antialcooliques. La campagne en faveur de la consommation de fruits, appelée aussi « l’antialcoolisme constructif », occupe une place importante dans leur propagande, mais prend une tournure inattendue quand elle est orientée contre les cocktails.

Comment analyser une source qui existe et n’existe pas en même temps ? Dans cette communication j'analyse un corpus de sources à la fois homogènes et disparates. Ce sont tous les textes des conférences radiophoniques (ou des causeries), publiés dans l’organe officiel de la Ligue Nationale contre l’Alcoolisme, L’Etoile Bleue, depuis janvier 1925 et jusqu’à juillet-août 1939, au total 60 conférences et 63 petits communiqués sur les sujets proches de l’activités de la Ligue : lutte antialcoolique elle-même, propagande pour la consommation des fruits et des jus de fruits, conseils aux ménagères. Ces textes ont été prononcées par différents conférenciers (hommes et femmes), sur, au moins, trois postes radio (PTT, Tour-Eiffel, Radio-Paris), dans les jours et heures très variés.