Troisième et quatrième images de propagande, produites par l'Union des Françaises contre l'alcool, 1918-1919.
Constante dans la production d'images de propagande, l'Union des Françaises contre l'alcool (UFCA) fait circuler sa nouvelle affiche "Ah ! Si l'on avait supprimé l'alcool" au printemps 1918. Des continuités avec l'image précédente sont évidentes : le même artiste David Burnand, la composition semblable, la phrase-titre faisant écho à "Ah ! Quand supprimera-t-on l'Alcool ?"... L'adresse de l'UFCA indique très exactement le moment de la production de l'affiche : au début de l'année 1918, lorsque l'association quitte les locaux de l'École Nationale des Ponts-et-Chaussées pour déménager dans les locaux de la Société positiviste, 15 rue de Bellechasse.
À l'opposé de la représentation d'une famille "traditionnelle" de buveur sur l'affiche de 1917, la nouvelle image est complètement différente et revient sur le contexte de la guerre. Ici, un soldat - poilu, permissionnaire sans doute - se trouve au premier plan, un peu à droite. Par sa posture il est tourné à 3/4 vers le spectateur, mais son regard, droit et même sévère, est adressé envers un homme - un loque, avec sa bouteille dans la poche - qui nous rappele le "héros" de l'image précédente. À l'arrière-plan, le dessinateur esquisse une vitrine de café, devant laquelle on distingue des silhouettes d'une femme et d'un enfant - sans doute, la famille de l'homme alcoolique, celle qui est représentée à l'affiche "Ah ! Quand supprimera-t-on l'Alcool ?" - mais aussi une figure d'un homme qui se dirige vers l'établissement.
La scène fait écho à la première image produite par l'UFCA - "Le Marchand de plaisir - Arrière Alcool !" - et revient ainsi sur le combat principal des antialcoolistes de la guerre 14-18, tourné contre les boissons forts, titrant à plus de 23°. Le message de cette nouvelle image est sans ambages : c'est l'alcool qui est responsable de tous les maux que la France subit à l'intérieur du pays, et ce n'est pas un hasard s'il est même parfois appelé "boche de l'intérieur".
Or l'utilisation du plus-que-parfait dans la phrase "Si l'on avait supprimé l'alcool" exprime, à part un reproche fait au gouvernement pour l'absence de mesures prohibitives, une forme de résignation croissante avec des années dans le camp des antialcoolistes.
L'image est produite sous forme d'affiche et de carte postale. Le tirage de l'affiche est de 6.000 exemplaires.
En 1919, l'Union des Françaises contre l'alcool décide de reprendre l'image en actualisant le message à l'occasion de la fin de la guerre. La nouvelle version de cette propagande iconographique porte l'inscription "Le Vainqueur - Un Vaincu" et propose une nouvelle disposition d'informations textuelles : le nom de l'UFCA est déplacé en haut de l'image, la mention de l'adresse "28 rue des Saints-Pères" disparaît, tandis que le public est expressément invité à prendre contact avec l'association. Comme l'iconographie précédente, "Le Vainqueur - Un Vaincu" est également produite sous forme d'affiche et de carte postale. Le tirage de l'affiche est de 10.000 exemplaires environ, celui de la carte postale est de 5.000 exemplaires.
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