La brève existence d’un restaurant de tempérance à Cherbourg
- Victoria Afanasyeva
- 8 nov.
- 2 min de lecture
Mars 1898, un groupement antialcoolique se forme à Cherbourg (Manche) avec le soutien des pouvoirs publics et du service local de santé, ainsi qu’avec l’appui des journaux locaux. Une campagne d’affichage se prépare pour pénétrer dans les milieux militaires et ouvriers ; un médecin parisien, docteur Vrain, vient donner une conférence dans un ancien théâtre et stimuler des adhésions ; la bibliothèque municipale s’abonne à L’Alcool, édité par l’Union française antialcoolique.
La « situation se maintient bonne » pendant un an. Le groupement décide alors de fonder un restaurant de tempérance et ouvre une souscription qui rapporte, en juin 1899, 1200 francs :
C'est peu évidemment et [l'Union française antialcoolique] fait appel énergiquement aux bourses généreuses de Cherbourg ; mais on a cru bon de commencer quand même. Le succès est assuré. Les bourses se délieront plus aisément d'ailleurs quand le premier pas sera chose faite.
Malgré les ressources insuffisantes, le restaurant de tempérance ouvre ses portes en juillet, rue Tour-Carrée 41. Le Phare de la Manche en fait une description louangeuse et salue notamment le choix et la qualité de boissons :

Cependant, malgré des avis positifs et une fréquentation satisfaisante, la situation pécuniaire demeure toujours précaire. Pour y remédier, le groupement antialcoolique de Cherbourg organise une soirée au théâtre, le 18 novembre 1899 – Le Phare de la Manche en fait un compte-rendu détaillé. Or, même si la soirée est considérée réussie, elle ne semble pas permettre de couvrir les ressources épuisées par les premiers mois du fonctionnement du restaurant.

Début janvier 1900, Le Phare de la Manche cherche encore à recommander le restaurant à ses lecteurs, en mettant en avant l’augmentation de la taille des portions et en soulignant, à nouveau, la qualité du cidre et des vins :

Rien n’y fait, et le 1er mars le même journal annonce l’abandon du restaurant par le groupement antialcoolique de Cherbourg pour des raisons financières :
Il faudrait pouvoir tenir longtemps devant les difficultés inévitables du début, mais les fonds manquent. Espérons qu’il se trouvera à Cherbourg un homme riche, aimant le peuple, pour relever celte œuvre de première nécessité.
Â
Sur le groupement antialcoolique de Cherbourg, voir sa fiche dans la base de données MALCOF.

