Née Éloïse Justine Bellot le 1er décembre 1838 à Rochefort (Charente-Maritime), décédée le 14 mars 1928 à Paris 15e.
Justine Dalencourt est une riche philanthrope, évangéliste, fondatrice de la Mission évangélique aux femmes de la classe ouvrière à Boulogne-Billancourt, en 1871. Elle fait très tôt sa connaissance de l’œuvre de la Croix-Bleue, mais, selon sa biographie, «n’[a] pas vu la nécessité de signer son adhésion au mouvement, d’autant moins qu’elle-même, déjà plusieurs années auparavant, avait, sur le conseil de son médecin, cessé de boire du vin» [Morgan, p. 132]. Dès la constitution du comité national de la Croix-Bleue en France, en 1893, elle s’y engage et intègre immédiatement son comité d’administration. En 1894, la femme représente la Croix-Bleue française au Congrès de la paix à Anvers et à l’assemblée générale de la Croix-Bleue belge, à Jolimont. En outre, Justine Dalencourt préside une section locale de la Croix-Bleue dans sa maison située dans le 15e arrondissement (67, rue du Théâtre).
Justine Dalencourt est rarement absente aux séances du comité national dont elle reste membre jusqu’à sa mort. En 1923, elle manifeste «le désir de mettre» une maison en sa propriété à la disposition de la Croix-Bleue, et institue l’association sa légataire universelle.
Voici un extrait de l'hommage que la Croix-Bleue rend à la "Bienheureuse Mme Dalencourt" (Le Libérateur, avril 1928) :
Si nous tenons à conserver dans le Libérateur le souvenir béni de Mme Dalencourt, c'est que la tempérance a tenu, de tout temps, une place de choix dans son cœur et dans son activité. Elle savait, par l'expérience de tous les jours, que l'alcoolisme est la grande plaie de l'ouvrier, qu'il fait le malheur de la femme et des enfants, la ruine et le déshonneur des foyers, qu'il est, chez beaucoup, le principal obstacle au salut matériel et moral. Aussi l'abstinence chrétienne a-t-elle été toujours la règle de sa maison et de son école. Bien avant la fondation de la Société française de la Croix-Bleue, elle en a pratiqué et répandu autour d'elle les principes. Elle s'est intéressée de près à tous les efforts qui ont été faits dans ce sens. Membre de notre Comité National, elle a été, jusqu'à ces toutes dernières années, assidue à ses séances mensuelles. Nous aimions à la voir, elle, notre doyenne, à toutes nos fêtes de tempérance, avec la simplicité de son costume de Quakeresse, son souci de l'ordre et de l'économie, son sourire aimable et accueillant. Personne n'a porté plus loin qu'elle le souci de la régularité dans le service de Dieu et de ses frères, de la fidélité dans les petites choses, de la consécration sans phrases, mais aussi sans réserve.
Pour approfondir :
Jean-Yves Carluer, «Justine Dalencourt : la quakeresse aux 156 mariages», Le Blog de Jean-Yves Carluer, 25 août 2013 (consulté le 16 octobre 2022).
R. C. Morgan, Justine Dalencourt (née Bellot), pionnière du ministère féminin en France, Paris, Mission évangélique Dalencourt, 1929.
Geneviève Poujol, « Justine Dalencourt (1838-1928) », Un féminisme sous tutelle, Paris, Les Éditions de Paris, 2003, p. 205-206.