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  • Victoria Afanasyeva

Union des Françaises contre l'alcool

Dernière mise à jour : 5 juin 2020

Association féminine antialcoolique, active dans l'entre-deux-guerres

Extrait des statuts de l'UFCA (Archives de Paris, D1X6/12, Dossier 407)

L'Union des Françaises contre l'alcool est fondée au printemps 1916 par Marguerite Fallot-Matter. La "réunion organisatrice" se tient le 3 mars, tandis que le comité se constitue en mai 1916 et l'association entame sa propagande. À partir du 13 mai, la grande presse diffuse ses appels à l'attention du grand public et des autorités.

C'est seulement deux ans plus tard, en mars 1918 que l'UFCA est officiellement déclarée conformément à la loi 1901 ; l'année suivante, l'association fait des démarches pour être reconnue d'utilité publique. Or alors que le conseil municipal de la ville de Paris émet un avis favorable, la demande de reconnaissance est finalement refusée.


L'objectif de l'Union des Françaises contre l'alcool est double, caractéristique de tout groupe de pression : d'un côté, elle fait du lobbying auprès des pouvoirs publics afin d'obtenir des mesures limitant la consommation ds boissons alcooliques ; de l'autre, l'Union cherche à changer l'opinion publique concernant le problème d'alcoolisme.

Dans le titre, le mot "alcool" est à interpréter avec prudence : pendant la Grande Guerre, une série de mesures législatives vient restreindre la consommation de boissons alcooliques titrant de plus de 23°, sans toucher aux boissons fermentées - le vin, la bière et le cidre - également appelées "boissons hygiéniques". Par conséquent, dans l'opinion publique de l'époque, le mot "alcool" commence à circuler dans le sens de boissons alcooliques distillées et/ou titrant de plus de 23°. Par ailleurs, il est considéré comme principale cause de l'alcoolisme. C'est dans ce sens que l'UFCA utilise ce terme.


Extrait du premier appel de l'UFCA, mai 1916 (Archives Nationales, F/7/13594) :

[...] l’Allemand n’est pas le seul ennemi, À l’intérieur sévit un fléau puissant qui dégrade et qui tue : L’ALCOOL. FEMMES FRANÇAISES, À L’ŒUVRE : Bannissons-le du sol sacré, Prêchons d’exemple, Supprimons-le de nos foyers, Combattons les préjugés, Agissons auprès des pouvoirs publics.

Parmi les membres du comité d'administration, l'on trouve d'abord des membres de la famille de Marguerite Fallot-Matter : ses sœurs, belles-sœurs, nièces, ainsi que son mari Robert Fallot, industriel, qui remplit les fonctions du trésorier. Quelques militantes antialcooliques y donnent également leur adhésion, ainsi que des femmes bien connues dans les milieux bienfaiteurs et/ou féministes, comme Ghénia Avril de Sainte-Croix, Julie Siegfried, Marguerite de Witt-Schlumberger, Léonie Chaptal, Pauline Kergomard, Marie Mauger.


Pendant les cinq premières années de son existence, l'Union des Françaises contre l'alcool est une association nomade :

entre 1916-1918, elle est accueillie dans les locaux de l'École des Ponts et Chaussées (28 rue des Saints-Pères, Paris 7e) ; entre 1918-1920, elle partage un local avec la Société Philanthropique (15 rue de Bellechasse, Paris 7e) ; pendant l'hiver 1920, l'UFCA est "hébergée" par le Foyer Franco-Américain (rue de Solférino, Paris 7e).

Ce n'est qu'au printemps 1920 que l'association s'établit - et pour quinze ans - à 54 rue de Seine (Paris 6e). Il est à signaler que le siège de la Ligue Nationale contre l'alcoolisme se trouve à 147 boulevard Saint-Germain (Paris 6e), à cinq minutes à pied de l'UFCA.


À la fin de l'année 1934 - début de l'année 1935, Marguerite Fallot-Matter quitte son poste de présidente pour des raisons de santé et passe le relais à Daisy Schlœsing. En même temps, la fondatrice initie la fusion de l'UFCA avec la LNCA, dans le but de renforcer son association le temps des crises. Ainsi, l'Union des Françaises contre l'alcool déménage une nouvelle fois, et établit son siège dans les locaux de la Ligue Nationale.


Après la Seconde Guerre mondiale, on trouve encore quelques mentions sur l'Union des Françaises contre l'alcool, principalement en la personne de Daisy Schlœsing qui continue à assister aux séances du comité d'administration de la LNCA. Or, son action paraît complètement anéantie.


Victoria AFANASYEVA, « L’Union des Françaises contre l’alcool : pour une histoire de l’antialcoolisme (1916-1940) », Alcoologie et Addictologie, vol. 39, n° 2 (2017), p. 120-127 : télécharger l'article sur le site de la revue.

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