15 rue de Bellechasse (Paris 7e) – deuxième siège social de l'Union des Françaises contre l'alcool (UFCA), après deux ans passés dans les locaux de l'École des Ponts et Chaussées.
Entre février et mars 1918, l'Union des Françaises contre l'alcool de Marguerite Fallot-Matter déplace son siège social "dans une fort belle salle [...] offerte" par la Société Philanthropique. Le nouveau local se situe à quelques 800 mètres de l'École des Ponts et Chaussées qui a hébergé l'UFCA pendant deux ans, et à 1100 mètres du siège de la Ligue Nationale contre l'alcoolisme.
C'est à cette adresse située au 7e arrondissement de Paris que, fin mars 1918, l'Union est déclarée conforme à la loi 1901, ce dont on trouve la notification au Journal officiel du 3 avril :
La mention stipule que l'objectif de l'association est de "délivrer la France de l'alcoolisme qui la ravage". Les nouveaux statuts, rédigés dans ce cadre, répètent ces mots et précisent ce que l'UFCA entend comme cause de l'alcoolisme : "la vente et la consommation de l’alcool de bouche" (le document est conservé aux Archives de Paris, D1X6/40).
STATUTS Article Premier. L’Association, dite Union des Françaises contre l’alcool, fondée en Mai 1916, a pour but de délivrer la France de l’alcoolisme qui la ravage. Art. II Elle s’adresse en premier lieu, par des appels, des pétitions, des tracts, aux Pouvoirs Publics, Membres du Gouvernement, Sénateurs, Députés, Préfets, Maires, pour obtenir des lois ou décrets supprimant la vente et la consommation de l’alcool de bouche. Art. III Elle s’adresse à l’opinion publique, cherchant à créer un mouvement contre l’alcool de bouche, par le moyen de conférences, d’affiches et de publications. Art. IV L’Association est administrée par un comité de 40 membres, élu par l’Assemblée Générale. Il choisit parmi ses membres une Présidente, une Vice-Présidente, une Secrétaire, et, en dehors de ses adhérents, un Trésorier. Le Bureau est élu pour trois ans. Il est rééligible ; toutes les fonctions des membres du Comité sont gratuites. Art. V Le Comité se réunit, sur la convocation de sa Présidente ou sur la demande du quart de ses membres, une fois par mois. La présence du cinquième des membres du Comité est nécessaire pour la validité des délibérations. Art. VI L’Assemblée Générale, composée de tous les membres faisant partie de l’Association, se réunit une fois par an, ou plus souvent si elle est convoquée à cet effet par le Comité. Art. VII Les dépenses sont ordonnancées par la Présidente. Art VIII Les recettes se composent des subventions qui pourront lui être accordées par l’État, les Départements et les Communes et des cotisations volontaires de ses membres. Les membres du Comité ne sont pas responsables de la gestion des fonds confiés à la Présidente et au Trésorier. Art. IX Les statuts ne peuvent être modifiés que sur la proposition du Comité ou du dixième des membres de l’Assemblée Générale, proposition soumise au bureau un mois au moins à l’avance. Art. X L’Association travaille essentiellement dans un esprit d’union sacrée, sans distinction de parti. Certifié conforme à la décision prise par l’Assemblée Générale en sa séance du 8 mars 1918 La Présidente, M. FALLOT-MATTER 15, rue Bellechasse, Paris ci-devant : 28, rue des Saints-Pères |
Peu après cette démarche officielle, l'Union produit sa nouvelle image de propagande "Ah ! si l'on avait supprimé l'alcool", rééditée en 1919 avec un autre slogan "Le vainqueur, un vaincu" – plus en conformité avec la sortie de la guerre –, et publie un "appel pressant" aux femmes françaises et aux pouvoirs publics. Ce dernier prend une forme de pétition, diffusée à 300.000 exemplaires que les femmes sont invitées à signer et à envoyer au parlement et aux représentants du pouvoir.
L'UFCA s'intéresse également aux manifestations grand public et en 1918 pose son premier stand au Concours Lépine qui est remarqué par le jury et récompensé d'une médaille d'argent. En même temps l'Académie des sciences morales et politiques décerne un prix à l'association de Marguerite Fallot-Matter pour sa "très grande activité et un très grand dévouement au service du pétitionnement". Tout va pour le mieux pour l'UFCA, qui demande (et obtient) au printemps 1919 une subvention auprès du conseil municipal de la ville de Paris, et qui prépare alors la demande de reconnaissance d'utilité publique. Or, celle-ci est rejetée, probablement, à cause des propos trop revendicatifs et féministes tenus par un des conférenciers le 11 mai 1919 lors de la deuxième grande manifestation patriotique à la Sorbonne (la première a eu lieu deux ans plus tôt).
L'année et le siège dans les locaux de la Société philanthropique se terminent ainsi sans gloire pour l'Union des Françaises contre l'alcool : en hiver 1919/1920, l'association déménage – les raisons de cette délocalisation sont inconnues.